Niché au cœur d’Obernai dans une maison alsacienne, ce restaurant aux matières brutes résume assez bien la philosophie de Thierry Schwartz. Entre les vieilles pierres et le bois, la sobriété est bien présente, tout en laissant une place majestueuse à la cheminée. Ce feu, qui réchauffe doucement la salle, mais aussi et surtout, qui s'occupera plus tard de cuire les viandes, donne une ambiance cosy, intimiste et rassurante .

Notre visite s’est déroulée lors d'un événement éphémère proposé par le Chef, les deux premières semaines du mois d’octobre .
Sur table, un joli carton donne le menu ; et sur son verso, cette phrase : « Simple, c’est compliqué....J'aime me dire que le produit se suffit à lui-même dans son élégance naturelle. » Ces quelques mots sont tout en concordance avec l’image qu’on se fait du restaurant .

Une fois assis autour de cette belle table de bois, on nous apporte une petite panière avec une boule de pain de pâte crue. Le serveur nous explique que le restaurant dispose de sa propre boulangerie au centre de la ville et que le pain servi ce soir sera cuit minute ! Les ateliers de fabrication de la boulangerie étant accolés au restaurant, la cuisson du pain pour le repas sera faite dans ces fours. On imagine alors déjà l’odeur du pain chaud chatouiller nos narines au retour de la panière .

Fortement intrigués par ce que nous allions déguster ce soir, car les intitulés des plats restent vagues et permettent à l’imaginaire de prendre le dessus. La seule et unique certitude que nous avons, c'était que notre belle pièce de veau, en pleine cuisson, allait sortir de cette cheminée décrite quelques lignes plus haut, et qui embaumait déjà toute la salle

Le voyage culinaire a commencé par des petites mises en bouches, au nombre de trois, servies les unes après les autres : crème grillée / omble de Fontaine / navet boule d’or. La plus déconcertante selon nous fut la crème grillée se déclinant par une crème poêlée toute douce avec de très fins œufs de brochet, apportant la touche iodée, et une feuille de capucine pour rehausser

Pour suivre, un bol d’un monochrome jaune, garni de gnocchis de carotte, d’œufs de truite et d’un beurre de carotène. Le tout accompagné d’une spécialité de la boulangerie : « le fleur de sel », mélange d’un pain brioché et feuilleté, saupoudré de fleur de sel. Une belle entrée en la matière avec de la douceur, du crémeux, du salé et surtout beaucoup de régressif .

Petit moment divertissant lorsque notre serveuse arrive à notre table avec une baratte, afin de préparer directement le beurre devant nos yeux ébahis, beurre qui accompagnera ce repas. Puis elle le dispose dans des petits moules, en apportant le pain tout chaud, qui vient à peine de sortir du four. La super classe !!!!


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Plat signature du restaurant : l’œuf dans l’œuf. Un beau trompe l’œil qui titille les papilles avec son émulsion de foin fumé, sa compotée d’oignons caramélisés, et sa pluie de jaune poutargue. Une explosion de goût qui transporte, on comprend immédiatement pourquoi il s’agit du plat phare depuis 2008. Toujours à la carte, l’idée de base reste présente, mais les émulsions varient en fonction des saisons .

Vient ensuite une belle assiette végétale composée d’un gâteau-éponge (sponge-cake) aux topinambours, de truffes d’automne fraîchement râpées, posé au milieu d’une sauce à base de lait fermenté et d’huile de truffes. Immersion boisée immédiate .

Pour continuer, veau fermier cuit au feu de bois : une belle tranche posée sur un lit de purée de butternut, couverte par de belles lamelles de cèpes, accompagnée de figues et de moutarde fraîche. Une jolie palette de couleurs automnales est présente dans l'assiette, mettant en valeur ce superbe veau parfaitement rosé. On se délecte juste à la vue du plat .

En supplément du menu, le chariot de fromage typiquement local, nous a fait de l’œil. Entre le chèvre frais aux fleurs, le munster fumé maison, l’entre deux au praliné de noisettes et les tommes, le choix était trop dur. Nous nous sommes laissés tenter par l’assiette de dégustation proposée .

« La pomme de terre nouvelle de Saint Blaise-vanillée ». Une pomme de terre en dessert, voilà une idée bien audacieuse, mais vu les plats précédents, nous savions que le chef allait continuer à faire des prouesses ! Encore belle création monochrome, avec sa glace vanille, son émulsion de pommes de terre et des petits morceaux de pomme de terre râpés, a permis de finir sur un magnifique découverte gastronomique qui nous a tout de même légèrement décontenancé .

Et pour finir ce magnifique voyage, une marabelle, petite madeleine marbrée au cœur coulant de chocolat 70% et de noisettes. Une petite douceur pour finir ce repas en beauté .

Le Chef alsacien Thierry SCHWARTZ possède une Étoile au Guide Michelin, mais aussi une Étoile Verte, non seulement pour sa cuisine "nature", mais aussi pour son respect de l'écosystème, privilégiant les circuits courts et les petits producteurs locaux, la réintroduction d'anciennes variétés de fruits et légumes, le zéro déchet.....allant même jusqu'à réaliser des menus entiers avec pas ou très peu de protéines animales

Ce restaurant offre donc à chaque bouchée des saveurs réveillant les papilles.. Chaque plat raconte sa propre histoire ! Les goûts, les odeurs et la générosité teintée d’amour dans les assiettes ont su nous combler. C’est une belle expérience pour les amateurs de nature, de cuisine végétale, et de créations gastronomiques audacieuses. Une première expérience réussie, et déjà envie de revenir afin de découvrir toutes les spécialités de la carte .